Victor, la vingtaine, vit en couple avec Charlotte dont il attend un enfant. Quand survient un accident à la centrale nucléaire voisine, il se retrouve confiné dans une ferme avec ses anciens copains du village, alors qu’ils auraient dû évacuer la zone. La pluie menaçant, ils guettent le passage du nuage radioactif. En 24 heures, ils vont perdre toutes leurs certitudes.
LE MOT DE LA PROGRAMMATION
Victor court dans les plaines agricoles vides et figées. Seul, dans sa bulle, fermé à ce qui l’entoure, il n’entend pas les sirènes d’alerte de la centrale nucléaire toute proche. Unique relief de cet espace, la centrale trône, ses deux cheminées lourdes de symbolisme dégagent une fumée de plus en plus menaçante. Suite à cette alerte nucléaire, Victor se retrouve confiné avec quatre amis d’enfance.
Dans ce paysage désertique, Gaël Lépingle oppose la spontanéité de l’émotion humaine à la froideur clinique des grands espaces agraires industrialisés. L’opposition entre immobilité et mouvement traverse le film dès les premiers instants. Immobilité face à la menace, déplacement en zone sûre, désire de fuite pour lutter contre ce danger invisible qui plane sur nos protagonistes. Repoussés dans leur retranchement et obligés de se confiner, c’est la distance et les rapprochements qui vont alors intéresser Gaël Lépingle. Il observe les sentiments de ces personnages étriqués dans une atmosphère anxiogène sur fond de nouvelles alarmistes et de sons extérieurs crispants appelant à l’imaginaire sonore de la radioactivité. Tout ce qui bouge alors ce sont les émotions, les blessures oubliées, les non-dits douloureux qui se heurtent et se rencontrent dans cet espace clos.
Antoine Doux, Programmateur
Shaïn Boumedine, Carmen Kassovitz, Théo Augier, Constantin Vidal, Manon Valentin
De formation documentaire, Gaël Lépingle réalise, depuis une quinzaine d’années, des films à la lisière entre documentaire et fiction, sélectionnés dans des festivals internationaux comme le Cinéma du Réel, Rotterdam, La Viennale ou Jeonju IFF (Corée). Ses films Julien (2010) puis Seuls les pirates (2018) ont reçu chacun le Grand prix de la compétition française au FID, festival international de Marseille.
Il a longtemps œuvré pour la redécouverte du cinéaste Guy Gilles, à travers deux documentaires (Guy Gilles et le temps désaccordé, Guy Gilles photographe), un livre (Éditions Yellow Now), des programmations en festivals et des conférences (à la Cinémathèque).
Son moyen métrage Une jolie vallée (2015), documentaire entièrement chanté, est sorti en salles en avril 2019 (à Paris au Saint-André des Arts), largement soutenu par la presse (Le Monde, Télérama, Cahiers du Cinéma).
Il a également mis en scène de nombreux opéras pour chœurs co-écrits avec Julien Joubert, et plus récemment des opéras du répertoire avec la Fabrique Opéra Val de Loire (Faust en 2019, La Traviata en 2021).