À l'Atlantic Bar, à Arles, Nathalie, la patronne, est le centre de l'attention. Ici, on chante, on danse, on se tient les uns aux autres. Après l'annonce de la mise en vente du bar, Nathalie et les habitués se confrontent à la fin de leur monde et d'un lieu à la fois destructeur et vital.
"Atlantic bar commence dans le plaisir des journées qui passent, se ressemblent et reviennent. Entre les pastis, les ballons de rouge et les cafés, Nathalie et ses habitués discutent, chantent et dansent. Ce lieu, le bar d’habitué, parsème le paysage des villes françaises et dresse le portrait d’une partie de la population qui nous est familière sans la connaître. Fanny Molins saisit l’émotion qui jaillit sous toutes ses formes dans l’humanité des disputes, et des discussions entre les habitués.
Dans leur discours, on pourrait croire que la gloire est passée, mais elle continue de résonner dans chaque bruit de verre partagé ensemble, dans chaque chanson, dans le simple fait de s’asseoir à une table en terrasse pour fumer une cigarette dans un instant de calme. La tristesse et la nostalgie remplacent souvent la gloire quand on parle de proches parties trop tôt.
Nathalie la tenancière, trône et incarne ce bar qu’elle tient à bout de bras avec son mari Jean Jacques et son fils Sandro. Mais leur monde est en danger, témoignage du déclin du bar de proximité qui progressivement s’érode au même rythme que ses personnages. Pour saisir leurs histoires, leurs passés, leurs questionnements, Fanny Molins utilise le basculement de cadre, elle les isole du bar pour permettre à une parole sincère et intime d’apparaitre. C’est ce format qui révèle le passé tragique, les blessures de la rue, les abandons des parents, les addictions destructrices et où Nathalie parvient à parler de son rapport cornélien à son bar entre envie de quitter ce lieu qui ravive ses démons et douleur de partir. Profondément politique dans sa capacité à filmer un lieu en déclassement, il devient le théâtre des injustices sociales que traversent les personnages et résonne plus intimement dans les gestes fatigués et les marques sur les visages creusés par une vie de difficultés et d’excès dionysiens."
Antoine Doux - Programmateur
Après des études en création littéraire et une formation en scénario à l'University of the Arts London, Fanny Molins développe une pratique de la photographie mêlant approche documentaire et mise en scène. Sa série Les Musiciens, née lors d'une formation aux Rencontres de la Photographie d'Arles et exposée à l'ISO Amsterdam, l'amène à suivre les habitués du bar l'Atlantic à Arles pendant quatre ans, pour écrire Atlantic Bar, son premier long métrage documentaire.